Un Noël aux antalgiques

Vous êtes plutôt dinde aux marrons ou foie gras ? Bûche de Noël ou délice fruité ? Cadeaux le 24 au soir ou le 25 au matin ? Fait-main ou commande en ligne ? Emballages papier ou furoshiki (1) ? Ces questions j’aurais voulu pouvoir me les poser.

Je me félicitais – sans doute un peu tôt – d’avoir survécu aux festivités de pré-Noël comme un joueur qui se réjouit – prématurément – de remporter la partie de Monopoly. Lancez le dé, piochez une carte chance. Le contrat de garde pour janvier prochain est signé, bravo vous pouvez rejouer.  Vous avez fait 6. La chance vous sourit, la promo de votre livre à paraître est lancée. Rendez-vous rue de la crèche avec l’un de vos secrets culinaires…vous n’êtes pas cuisinière en chef, alors rejoignez directement la case « école ». L’on vous offre de piocher une carte « caisse de communauté » : la fête est belle, vous n’aviez pas d’idée pour le dîner ? Profitez-en ! Votre enfant s’est ravitaillé en bonbons et papillotes, vous pouvez rentrer à la maison, vous rendre à la case « dodo » sans passer par le « dîner ». Jour de réussite pour votre conjoint qui vous invite aux traditionnels vœux de prospérité de son employeur, ne passez pas par la case « pédiatre ». Quelle partie !

Pourtant, à deux jours des vacances, quatre jours des festivités, l’esprit de Noël m’a planté. Imaginez l’effet d’une coupure de courant ou d’une panne de chaudière le jour le plus froid de l’année – Attention ! Pas question de comparer maman à une chaudière… mais un sourire en moins dans la maison assombrit considérablement le foyer. Oh, la mine déconfite des enfants ! « Alors ce sont les vacances ou pas ? On ne part plus ? Et les cousins ? Quand va-t-on voir Granou et Gran’Pa ? » Oui, à deux jours des festivités, l’esprit de Noël m’a planté.

Moi qui m’étais donné du mal pour préparer des sablés avec les enfants avec des emporte-pièces spécial Noël ; des sablés qui (avais-je dans l’idée), en plus de renforcer notre relation parent-enfant, régaleraient les papilles des gourmands le soir du Réveillon.

Moi qui, me débattant avec les rouleaux interminables de papier-cadeau, imaginais le sourire des enfants avec leurs paquets au pied du sapin (promis, Noël prochain, c’est zéro déchet et furoshiki).

Oui, ces questions j’aurais voulu avoir le temps et l’énergie de me les poser, car avant même que les premières lueurs de la nuit de Noël ne scintillent, j’avais tout donné. « Place, laissez place à la reine de la nuit grippe ! » clame le héraut.

Un Noël version pyjama, pantoufles, antalgique, analgésique et l’incontournable tisane au citron, pour venir à bout de l’intruse. Au bout de sept jours, impotente et alitée, je n’ai pas la force de crier « libérée, délivrée ». Oui, cette année, l’esprit de Noël a été chassé par une grippe tenace. Sans doute pour me rappeler qu’un parent, c’est un héros du quotidien qui sait entretenir ses super-pouvoirs et qui, avant tout, connaît ses limites. Notre talent de parent, c’est se donner les moyens de gagner la partie de Monopoly sans hypothéquer ses ressources.

Alors cette année, pour gagner la partie, je m’offre un bon « 365 jours de cocooning », pour me faire chouchouter, déléguer (quitte à annuler quelques rendez-vous footeux de monsieur), m’oxygéner, me faire offrir des paroles valorisantes, des services rendus, des temps de qualité (2). Car « quand Maman Va, Tout Va. Et quand ça ne va pas, il y urgence à régler ça ! (3) »

A toutes les mamans, reines du quotidien, même grippées. Merci.

A tous les papas, capitaines du quotidien y compris par temps de forte grippe. Merci.

France Argouarc'h

Gestion de projets RH, salariée-parent

1-https://www.youtube.com/watch?v=nUEc6zlroOU

2-https://www.amazon.fr/langages-lamour-Gary-Chapman/dp/2863141929

3-https://fabuleusesaufoyer.com/category/maman-epuisee/