Quelles actions pour accompagner la parentalité en entreprise ?
Samedi 1er juin 2019, « Journée Mondiale des Parents »
À l’évocation de cette fête du calendrier, je me surprends à remonter le temps. Je me revois assise sur les bancs de la classe de CM2 de Mme Frégonara : la leçon du jour porte sur la Déclaration des Droits de l’Enfant [1] et le contenu de la résolution adoptée le 20 novembre 1959 par l’Assemblée générale des Nations Unies – articles à mémoriser par cœur, bien entendu. Cette journée du 1er juin en somme, c’est aussi celle des enfants puisque c’est bien sur cette relation parent-enfant – n’hésitez pas à vous replonger dans la lecture de l’article «Le plus beau des cadeaux » sur le blog de Parents & Talents [2] – que s’enracinent l’éducation, l’épanouissement, la protection et l’avenir des nouvelles générations.
Qu’à cela ne tienne ! Ne boudons pas notre chance, parents, de jouir d’un jour bien à nous : 24h pour mettre à l’honneur les parents du monde entier, 24h pour saluer notre abnégation – je pense aux heures de sommeil en retard accumulées ou aux soirées passées à sélectionner la mutuelle qui accompagnera notre étudiant tout au long de son année universitaire à l’étranger – notre lâcher prise (plus difficile parfois) – « Oui, fripouille s’est gominé les cheveux avec de la crème hydratante et oui, ses chaussures sont à l’envers ! Il gagne en autonomie notre loustic ! (Soupir) ». 24h pour rappeler, comme le souligne l’UNICEF dans sa campagne « Plus de temps à perdre » [3] que le champ est ouvert aux « gouvernements et entreprises [pour] investir davantage dans des politiques qui donnent aux parents le temps et le soutien dont ils ont besoin pour élever des enfants heureux et en bonne santé » [4]
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Les besoins des salariés-parents, quels sont-ils ? Quels sont les leviers d’action existants ? Comment les organisations peuvent-elles répondre, et même anticiper ces besoins ? Que reste-t-il à faire ?
Face à des salariés-parents qui ont besoin de temps – en 10 ans, la part de salariés éprouvant au moins une fois par mois une difficulté à remplir ses responsabilités familiales du fait du temps au travail est passée de 16 % à 39 % [5] ; face à des salariés-parents qui ont besoin de conseils et d’écoute – 43% des parents d’enfants mineurs trouvent qu’il est difficile d’éduquer un enfant [6] , notamment entre 11 et 14-15 ans ; face à des salariés-parents qui ont avant tout besoin de reconnaissance et de bienveillance – 60% des salariés considéraient en 2018 que leur entreprise ne faisait pas grand-chose pour les aider dans leur équilibre de vie familiale/ professionnelle [7], les entreprises ont-elles un rôle à jouer ? Pour Henri Lachmann, Président du Conseil de Surveillance de Schneider Electric, la réponse ne fait pas de doute « Si l’entreprise ne fait pas toujours partie du problème, elle fait toujours partie des solutions.» [8].
À la question « Quelles mesures souhaiteriez que votre entreprise propose aux salariés-parents », ces derniers plébiscitent dans leur top 10 les mesures relevant de l’organisation du travail, du soutien financier et de la culture managériale : aménagement ponctuel des horaires, souplesse des modalités et des horaires de travail, mutuelle avantageuse, charge de travail raisonnable, congés familiaux rémunérés, règles simples concernant les réunions, sensibilisation des managers, aide au financement (mode de garde, scolarité, études), solutions d’accueil des enfants [9].
Dès lors, de quels leviers les organisations disposent-elles pour avancer sur le sujet de la qualité de vie au travail à l’endroit des salariés-parents ?
Identifier. Gommer. Corriger. Anticiper. Pour aplanir – ou « enchanter », comme on peut le lire – le parcours collaborateur du salarié-parent et gagner en performance, impossible de faire l’économie d’un audit social qui viendra s’enrichir des verbatims remontés des enquêtes d’engagement, entretiens managériaux ou d’évaluation etc. Minutieusement. Ainsi, les managers sous l’impulsion de dirigeants impliqués sont-ils la 6e vitesse du moteur. Il convient, selon la taille de l’entreprise, sa mission, sa culture, son secteur d’activité de s’interroger sur le ou les leviers prioritaires à activer, qu’ils relèvent de l’ADN, du management ou de l’organisation du travail [10].
Conclusion :
En ce 1er juin 2019, je me perds en conjecture en imaginant quels pourraient être les articles fondateurs de la fictive Convention des Droits des salariés-parents en entreprise – parce que l’on est tous, à un moment de notre vie, parent de quelqu’un de 0 à 99 ans+.
1-Droit à la Reconnaissance : le terme « parent » ou « salarié-parent » est reconnu comme une richesse pour l’entreprise du début de la grossesse aux aidants familiaux.
2-Droit à la protection contre la discrimination : les CV faisant mention de la « parentalité » comme une compétence reflétant les multiples qualités parentales (gestion du temps, des priorités, capacité organisationnelle, capacité relationnelle, prise de recul …) ne seront pas discriminés dans le processus de sélection des profils, à l’embauche ou au cours de l’évolution professionnelle.
3-Droit à la santé : les entreprises ont pour responsabilité sociale de fournir aux salariés-parents un cadre de travail de qualité permettant la conciliation des temps de vie – privé et professionnel – au travers du déploiement d’actions en faveur de la Qualité de Vie au Travail (QVT).
La bonne nouvelle, c’est qu’en dix ans, des pas de géants ont été accomplis et les mesures en projet de manquent pas non plus. Encourageant !
France Argouarc'h Gestion de projets RH, Salariée-parent, en congé parental
Sources
[1] https://bice.org/fr/droits-de-lenfant/droits-fondamentaux-de-l-enfant/
[2] Blog de Parents & Talents, « Le plus beau des cadeaux » (2019) : https://www.parentsettalents.fr/le-plus-beau-des-cadeaux/
[3] https://www.unicef.org/fr/plus-de-temps-a-perdre
[4] https://www.un.org/fr/events/parentsday/
[5] Enquête Eurofound (2007) : https://www.eurofound.europa.eu/fr/surveys
[6] Etude TMO Régions réalisée pour la CNAF, parue dans L’e-ssentiel n° 165 (2016) : https://www.caf.fr/sites/default/files/cnaf/Documents/Dser/essentiel/essentiel%20-%20Parentalit%C3%A9.pdf
[7] Baromètre OPE 2018 « Conciliation entre vie professionnelle, Vie Personnelle et vie familiale » – Volet « Salariés » : https://www.observatoire-qvt.com/wp-content/uploads/2018/06/BAROMETRE-OPE-2018-VD-VALIDJBdu280518-FOCUSUNAFdu210618.pdf
[8] « Bien-être et efficacité au travail, 10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail », rapport fait à la demande du Premier ministre par H. Lachmann, Christian Larose et Muriel Pénicaud (2010) : http://www.dgdr.cnrs.fr/drh/protect-soc/documents/fiches_rps/rapport_lachmann.pdf
[9] Baromètre OPE 2018 « Conciliation entre vie professionnelle, Vie Personnelle et vie familiale » – Volet « Salariés » : https://www.observatoire-qvt.com/wp-content/uploads/2018/06/BAROMETRE-OPE-2018-VD-VALIDJBdu280518-FOCUSUNAFdu210618.pdf
[10] Baromètre OPE 2018 « Conciliation entre vie professionnelle, Vie Personnelle et vie familiale » – Volet « Employeurs» : https://www.observatoire-qvt.com/wp-content/uploads/2019/01/Re%CC%81sultats-Barome%CC%80tre-OPE-0052.pdf